Georges PETIT se rapproche de ses Ardennes, les nouvelles de l'évolution du front circulent enfin...

2 novembre

Prise de Valenciennes.

En Champagne, prise de Semuy, Quatre-Champs, La Croix aux Bois, Ballay, Longwé.

Les Américains prennent Champigneulles, Beffu le Morthomme, Verpel, Sivry les Buzancy, Thenorgues, Briquenay, Buzancy, Villers dt Dun, et Cléry petit, menaçant la trouée de Stenay.

Les Italiens dénombrent plus de 1600 canons et plus de 80 000 prisonniers.

L’Autriche demande l’armistice.

Bruits d’abdication du Kaiser.

4 novembre

L’Autriche ayant accepté l’armistice, les hostilités sont suspendues sur le front italien.

Bilan de l’armée italienne : 300 000 prisonniers et 5 000 canons capturés.

Les conditions de l’armistice sont dures. Elles comportent entre autres la libre disposition par les alliers des chemins de fer autrichiens ce qui va permettre l’invasion de l’Allemagne par la Bavière.

Les français et anglais attaquent sur plus de 40 km, prennent Landrecies et encerclent Le Quesnoy. 13 000 prisonniers, 200 canons.

Sur le front d’Argonne nous occupons la rive sud du canal des Ardennes entre Semuy et Le Chesne. L’ennemi résiste vigoureusement sur la rive nord.

Les Américains prennent La Neuville en face Stenay, Les Grandes Armoises, et tiennent la ligne Sedan-Longuyon-Conflans sous leurs feux.

5 novembre

Prise de Le Quesnoy, Guise, Château-Porcien, Dun.

L’ennemi bat en retraite de la Sambre à l’Argonne.

La 1ère armée (Gal Deberrey) fait 4 000 prisonniers et prend 60 canons.

Prise d’Herpy, Condé les Herpy, Montgon, Le Chesne, Louvergny, Sauville.

Les Américains traversent la Meuse à Dun, prennent Liny dt Dun, Milly, Beaumont, Létanne.

A Beaumont, 500 civils français.

La ligne de Sedan-Metz est à certains endroits à 8 km d’eux.

Prise de Yoncq, La Besace, Stonne.

Prise de 51 canons soit plus de 150 depuis le 1er novembre.

6 novembre

Les boches « décollent » de Rethel à Attigny et battent en retraite. Inondations au dessus de Vouziers.

La batterie qui devait prendre position au-delà de Vouziers descend à l’échelon.

On annonce que des parlementaires allemands vont traverser nos lignes pour venir prendre connaissance de l’armistice préparé par les Alliés.

En attendant, nos troupes poursuivent les boches.

7 novembre

Prise de La Capelle.

En face, nous tenons la ligne Signy l’Abbaye-Wagnon-Viel St Rémy-Mazerny-La Horgne avançant de plus de 16 km au nord de l’Aisne.

Dans la vallée de la Bar, nos éléments avancés dépassent St Aignan s/Bar et prennent pied au sud de la Meuse sur les hauteurs qui dominent Sedan.

Les Anglais avancent toujours.

Les Américains prennent la partie de Sedan située rive ouest de la Meuse.

Les plénipotentiaires boches traversent les lignes et se rendent au QG du Maréchal Foch.

La révolution se soulève en Allemagne.

8 novembre soir Départ de l’échelon (Bussy) pour venir cantonner à Dampierre au Temple, puis St Hilaire au Temple. Nuit noire ; pluie. Nous retraversons les anciennes lignes par Sommepy et Souain.

Foch signifie aux parlementaires les conditions de l’armistice et leur donne 72 heures pour accepter.

La République est proclamée en Bavière.

Les socialistes allemands demandent et exigent l’abdication du Kaiser.

La marine allemande se révolte. Le prince Henri frère du Kaiser prend la fuite.

Prises d’Avesnes, Hautmont. On atteint Liart-Singly-Frénois et le faubourg de Sedan-ligne entre Origny et Liart. Nous prenons la Meuse de Mézières à Bazeilles.

L’ennemi abandonne des canons et du matériel.

Les Américains éjectent les boches dans la plaine de Woëvre.

Prise de Liry, Ecury, Breheville, Damvilliers, Flaba.

Le Kaiser refuse d’abdiquer.

9 novembre

Grande nouvelle. Guillaume II abdique ; le Kronprinz renonce au trône.

Les parlementaires envoient un courrier en Allemagne. Celui-ci atteint Spa avec mille difficultés. Glageon-Fourmies-Hirson-Anor et St Michel sont pris.

Prise de Signy le Petit.

Nous atteignons la voie ferrée de Mézières à Hirson, près de Maubert-Fontaine.

Nous longeons le cours de la Sormonne. Nous avons abordé et entouré Mézières et Mohon et franchi la Meuse à hauteur de Lumes.

La révolution éclate en Allemagne.

Constitution d’un gouvernement républicain à Munich.

Comité de Salut Public à Francfort.

Le Duc de Brunswick abdique.

A 9 h soir, nous apprenons par radio que le gouvernement allemand donne tous pouvoirs aux parlementaires pour signer l’armistice.

11 novembre

Nous apprenons que c’est chose faite et que les hostilités doivent cesser à 11 h 55. Le roi de Wurtemberg prend la fuite.

L’ex-kaiser se sauve en Hollande.

10

Les arrières gardes ennemies ont résisté à notre avance. Nous dépassons la Sormonne, prenons Sormonne et atteignons la route d’Hirson à Mézières au sud de Renwez.

Malgré la résistance des boches, nous prenons Maubert et atteignons à 4 km de là les Rièzes de Maubert ainsi que les hauteurs au n.e. de Sévigny la Forêt.

Le corps italien prend le Tremblois et Rimogne, pénètre dans le bois des Potées et le bois d’Harcy poussant avec vigueur en direction de Bourg-Fidèle.

A l’ouest de la Meuse nous progressons au nord de la ligne Renwez-Montcornet et Arreux-Damouzy-Belair.

«Enfin, après 4 ans passés, mes parents sont délivrés ».

Enfin, après 4 ans passés, mes parents sont délivrés.

Ce n’est pas sans émotion que j’ai lu ce communiqué du 10 novembre. Quand aurai-je de leurs nouvelles ? Je souhaite le plus vite possible, car, pour le dernier jour de cette maudite guerre, la bataille a été violente là.

N’était-ce pas assez pour eux de 4 années de souffrances et de privations et fallait-il encore qu’ils se trouvent au milieu de l’affreuse mêlée.

En Woëvre, les Américains atteignent les lisières sud de Stenay, et les bois de Baâlons.

Prise de Gibency ?, Abaucourt et Grimaucourt, Mancheville, St Hilaire et le bois de Danmartin.

La révolution déchaîne dans l’Allemagne entière.

La république est proclamée à Darmstadt (Duché de Hesse).

Le 11 novembre, 1561ème jour de la guerre…

 

 

Le 11 novembre, 1561ème jour de la guerre, marque la fin de ce terrible carnage qui n’a aucun précédent dans l’histoire.

Les conditions de l’armistice imposées à l’Allemagne sont formidables. Elles ne le sont pas trop pour un pays qui n’a jamais reculé devant les moyens les plus barbares et les plus sauvages pour essayer d’écraser la France.

Pendant 4 ans passés, nous avons souffert, mais nous avons tenu.

L’heure de la vengeance a enfin sonné.

FIN DU TROISIEME ET DERNIER CARNET

"La guerre est finie !"

Suzanne, la fille aînée de Georges PETIT, à 96 ans, se revoit encore avec son petit drapeau tricolore en papier, elle criait avec les autres enfants « La guerre est finie ! ».

D’ailleurs voici un extrait du « Journal » du mercredi 13 novembre 1918 (journal que m’ont confié Madeleine et Suzanne) : « La deuxième journée sans guerre à Paris : (…) On vit de tout petits enfants qui s’en allaient gravement, serrant entre leurs bras d’immenses drapeaux. On vit flotter d’autres drapeaux, cravatés de deuil. Ceux qui les avaient arborés avaient fait à la victoire le sacrifice d’un être cher et ils affirmaient ainsi la mâle joie qu’ils éprouvaient à travers leur immense douleur. »

Carnet de guerre d'un Ardennais

 

Georges Petit était maréchal des logis pendant la première guerre mondiale. Il a tenu son carnet de guerre. En voici l'intégralité retranscrite et commentée par Joëlle PAUTEVIN.

Merci de la prévenir pour tout usage que vous souhaiteriez en faire (formulaire page "Contact").

 

Un montage audiovisuel commémoratif

100 ans après le début de la première guerre mondiale, un montage audiovisuel a été réalisé par Juliette CHERIKI-NORT et Joëlle PAUTEVIN mettant en scène des objets métalliques et rouillés comme autant de traces et vestiges de la première guerre mondiale.

Pour le visionner.

Une partie commentée de ces carnets est publiée dans "Destins liés, occupés et occupants des Ardennes (1914-1918)" aux Éditions Terres Ardennaises