Il quitte la Somme, direction Les Vosges, en passant par Pantin

22 janvier 1917

La Hérelle (Oise).

Le froid redouble. On ose à peine sortir. Chacun se demande où nous allons aller. On parle vaguement que l’état-major va aux environs d’Epernay et qu’on y concentrera le régiment. Il court un tas de « décisions ».

Jeudi 25 janvier

Nous recevons l’ordre d’embarquer à Montdidier à 10 h soir.
La plupart des voitures ne roulent plus. On est obligé de les remorquer, et d’en venir chercher d’autres. Nous y partons à 7 h du soir. Il fait un froid terrible ; les routes sont glissantes. A Montdidier, nous assistons à la fin de l’embarquement de la section de munitions. Le train part. C’est à notre tour à embarquer. C’est assez difficile en raison des voitures immobilisées.

Des taubes viennent vers 11 h du soir jeter des bombes, sans dégâts. Nous devons partir à 2 h 28 ; on part vers 3 h ¼. Par Creil, nous arrivons à Pantin vers 9 h matin. Là nous devons recevoir une destination nouvelle : désillusion. Au lieu d’Epernay : c’est Neufchâteau. Et là, on recevra de nouveaux ordres. Où allons nous donc ?

 

 

Dessin d'un taube paru dans "L'Illustration".

Le train est en panne vers Emerainville (Seine et Marne au sud de Torcy). Bielle cassée. (C’est cependant une 3 100). Une heure ½ de retard. Installés en seconde avec Prato et Guillemeau, nous ne sommes pas trop mal. Vers 7 h du soir, halte repas à Mesgrigny-Méry (Aube). Distribution de café à laquelle j’assiste. Il fait un froid ! Puis départ. Nouvelle halte repas à Rimaucourt au nord est de Chaumont (après avoir passé à Troyes, Maranville à l’ouest de Chaumont). Pour ainsi dire impossibilité de dormir tellement il fait froid. A Liffol le Grand (sud est de Neufchâteau), la machine n’a plus d’eau. On en fait venir une de Neufchâteau. Arrivée à 11 heures. Peu d’arrêt. On se ravitaille puis nous repartons pour Thaon (Vosges au nord d’Epinal) où nous devons débarquer. On passe à Mirecourt ; près d’Epinal.

27 janvier

On arrive à Thaon vers 4 heures.

Nous débarquons mais le cantonnement est à environ 8 km. Châtel-Noméry. Nous y allons. La batterie arrive peu après. On est assez bien installé. Pays agréable, sur la Moselle. Usines. 

Après une permission, le Chemin des Dames.

Du 12 février au 22 février 1917

Je pars en permission le soir à 5 h 40 (de Charmes).

A Meaux, où j’arrive vers 5 h du matin, j’attends Marguerite, qui avec Suzanne et Madeleine arrivent à 11 heures. Nous continuons vers Paris où nous sommes à midi. Déjeuner. Taxi jusque la Porte de Vincennes. Tramway jusqu’au Perreux où Marguerite va maintenant habiter. 7bis rue des Comenceaux, une petite villa que j’ai louée et où Marie doit venir la rejoindre. Dès mon arrivée, je vais à la mairie afin d’y avoir du charbon, qui est très rare. Je cours partout et je trouve enfin du bois. On réussit tant bien que mal à se chauffer. Je trouve quelques boulets. Nous nous installons, mais la permission s’écoule vite ; trop vite.

Et le 21 février, je reprends à Nogent le train de 6 h ½ soir, puis à la gare de l’Est celui de 8 h soir qui me ramène à Noméry le 22 février à 11 h du matin.

Dimanche 18 mars

Des groupes embarquent à la gare de Châtel.

Lundi 19

Nous envoyons un détachement précurseur vers Epernay dit-on.

Mardi 20

A 9 h matin, coup de téléphone de se tenir prêt. En effet, départ à 11 h. Il fait un temps épouvantable : tempête de neige. L’étape est assez courte ; par Charmes, Tantonville, Vézelise. Nous allons coucher à Selaincourt ( Meurthe-Moselle), petit pays région de Colombey les Belles.

Le lendemain, départ de bonne heure ; il fait froid. De nombreux convois de TU ( ?) se dirigent vers la Champagne. Incident en route : dans une descente, tracteur emballé. Le canon tombe sur le dos. Pas d’accident. On passe à Ligny en Barrois, joli pays. Nous cantonnons à Stainville (Meuse).

Le lendemain, départ. Route pittoresque. Par St Dizier nous gagnons Marolles (Marne – 3 km de Vitry le François). Partout des tombes, souvenirs de la bataille de la Marne. Nous avons 2 jours de repos en attendant la 3ème étape qui doit être longue : 110 km dit-on.

24 mars Départ à 5 heures.

Routes encombrées : par Sézanne, Montmirail, nous prenons la route de Château Thierry et cantonnons aux Coquerets (à quelques km au sud de Château Thierry).

Dimanche 25

Départ à 11 h du matin. On devait aller vers Soissons, mais il y a changement : nous repassons à Montmirail et venons cantonner à Moussy (6 km au sud d’Epernay).

Lundi 26

A 4 h du soir par une pluie battante nous partons : Epernay, Reims, Gueux où nous allons rester.

Les troupes arrivent de tous côtés. Cela rappelle Nubécourt ( ?) au moment de l’attaque de Verdun. Embouteillages sur les routes, boue, pluie. Le tableau est complet.

Le lendemain soir, nous prenons position entre Cauroy les Hermonville et Cormicy. Des renforts arrivent ; du matériel en quantité.

On attend l’attaque avec impatience, et l’espoir, que cela va être décisif. Mais le mauvais temps persiste. Routes dans un triste état. On tarde à déclencher l’attaque.

Lundi 16 avril

Au matin, ça y est. 

Sur la gauche (Berry au Bac) et sur la droite (Auberives, Prosnes).Ça marche assez bien, mais en face nous avons un morceau dur à avaler : le fort de Brimont terrible adversaire. On prend Loivre, Courcy ; on approche du front, mais il se défend avec acharnement. Le temps a été contre nous ; l’accalmie renaît. Durera-t-elle longtemps ? Entre temps les boches ont bombardé Reims d’une façon abominable ; des incendies se déclarent. Le peu de civils qui y restent sont obligés d’évacuer. Nous changeons d’emplacement d’échelon pour venir route de Bouleuse. 2 jours après on nous fait encore changer pour venir dans un bois sur le route de Reims à Jonchery.

5 mai

La chaleur commence et devient de plus en plus accablante.

Je reçois une carte message de mon père qui me dit qu’ils sont en bonne santé.

Mme Duchesne rapatriée de Lonny me dépeint sur une longue lettre la triste vie dans les régions envahies.

Peu de changements depuis l’offensive, qui malheureusement, n’a pas réussi. Il y a eu des combats épouvantables mais pas de résultats.

A l’échelon les taubes viennent chaque nuit et bombardent la vallée de la Vesle (gares de Muizon, Jonchery, Prouilly, etc…).

Une permission avant le retour au front

21 juin

Au soir nous quittons, et sommes relevés. Par Gueux, Ville en Tardenois, nous gagnons Vincelles où nous allons au repos (à 2 km de Dormans). On y est assez bien installé.

Lundi 25 juin

Je pars à midi en perm. de 24 h. Je fais une surprise en arrivant. Je passe ma journée du mardi à Nogent et en repars le mercredi par l’express de 8 h à Paris. Ces heures ont passé trop vite.

Le 24 mai, on a opéré ma petite Madeleine. J’obtiens une permission de 4 jours.

Du 2 au 13 juillet 1917

Je pars en permission de 7 jours. Le 4 mon frère arrive. C’est la 1ère fois que nous nous voyons depuis le début de la guerre. C’est une grande joie de nous revoir. Ma permission s’écoule plus vite encore que d’habitude.

Je reçois avis que le groupe est parti pour la direction de Verdun. Cela m’ennuie.

Carnet de guerre d'un Ardennais

 

Georges Petit était maréchal des logis pendant la première guerre mondiale. Il a tenu son carnet de guerre. En voici l'intégralité retranscrite et commentée par Joëlle PAUTEVIN.

Merci de la prévenir pour tout usage que vous souhaiteriez en faire (formulaire page "Contact").

 

Un montage audiovisuel commémoratif

100 ans après le début de la première guerre mondiale, un montage audiovisuel a été réalisé par Juliette CHERIKI-NORT et Joëlle PAUTEVIN mettant en scène des objets métalliques et rouillés comme autant de traces et vestiges de la première guerre mondiale.

Pour le visionner.

Une partie commentée de ces carnets est publiée dans "Destins liés, occupés et occupants des Ardennes (1914-1918)" aux Éditions Terres Ardennaises