"Evacuation par les boches - recul des Boches..."

Dimanche 6 octobre

Brusquement, à 1 h ½ après-midi, ordre de partir immédiatement pour Vitry, Châlons, les Grandes Loges, Septsaulx. Nous arrivons près de Prosnes dans un terrain bouleversé par les obus. Le journal du jour nous avait appris la prise d’Auberive, Vaudericourt, Dontrien, puis l’évacuation par les boches, des « monts » (massif de Moronvilliers, forts de Nogent l’Abbesse, de Berru). Reims dégagé et un recul des boches sur un front de 35 km de Bermericourt à Betheniville.

Enfin l’Allemagne, l’Autriche et la Turquie offrent l’armistice, la Bulgarie ayant depuis 8 jours déposé les armes.

7 octobre

Mise en batterie près de Pontfaverger. Prise de St Etienne à Arnes, Isles sur Suippe, Boult sur Suippe.

La ligne allemande « Hindenburg » craque de toutes parts et est enfoncée.

10 octobre

Prise de Cambrai. 15 000 prisonniers. Quelques heures après l’entrée des anglais dans la ville, des explosions un peu partout et des incendies. Ce sont les machines infernales laissées par les boches.

Chaque jour de nouveaux pays sont délivrés. Sur la rive droite de la Meuse, les américains avancent. Prise de Liry, Monthois, Challerange, Grandpré.

12 Octobre

Les français entrent dans Vouziers. Prise d’Asfeld, Vieux les Asfeld. Laon commence à se dégager.

Les boches répondent à Wilson qu’ils acceptent ses conditions, mais demandent une commission pour régler l’évacuation.

13 octobre

Prise de Laon (armée Mangin)- On y trouve 6 500 civils - et de La Fère.

15 octobre

Départ de l’échelon (« la plaine »), pour revenir cantonner à Coole, ce si vilain pays où on ne trouve pas à s’installer. Il fait froid à travailler dehors.

18 octobre

8 h, on apprend la prise de Lille, Douai, Ostende et Bruges.

19

Celle de Roubaix, Tourcoing, Wassigny.

20

Les belges occupent Zeebruge, base de sous-marins boches. Prise de Denain.

21

On est à 5 km de Valenciennes, 3 de Tournai et 10 de Gand.

« Vers les Ardennes, la lutte devient âpre et dure », mais enfin des nouvelles de son père...

Vers les Ardennes, la lutte devient âpre et dure. On avance très peu.

Je reçois une lettre de Balba, soldat lorrain, qui a cantonné à Lonny, et qui, ayant déserté et passé en France, me donne des nouvelles de mon père et de la vie à Lonny. A sa lettre est joint un petit carton portant écrit de la main de mon père l’adresse de Mme Boutte. L’impression de joie que m’a fait ce carton est indescriptible : plus de 4 ans que je n’ai pas revu son écriture.

Je lis avec peine les détails sur la triste vie que l’on mène dans les pays envahis.

Samedi 26 octobre

A 7 h ½ soir, départ de Coole. Par Châlons et St Etienne au Temple, on arrive au camp de Montivet près de Suippes où on bivouaque.

Dimanche soir 27

8 h départ. Par Souain, Sommepy, ferme de Médéah, on arrive vers 3 h du matin au lieu-dit « Busy » en plein bled au bord de la route de Suippes à Vouziers.

Je revois avec tristesse, les ruines de Souain, déjà vues en 1915.

La traversée des lignes boches fait peine à voir. C’est un bouleversement, une suite de tremblements de terre. Un chaos innommable. Les arbres qui bordent la route sont rasés par les obus ; des cimetières dans les champs. Par endroits, les boches ont fait exploser des mines sur la route ce qui fait que l’on est obligé de se détourner pour passer.

La route est assez bonne.

A Sommepy, il ne reste plus rien ; on voit les vestiges d’un passage à niveau, mais plus de gare. A un endroit, nous sommes obligés de quitter la grande route et de faire un coude par Semide, car les boches ont fait sauter un pont au-dessus d’une ligne de chemin de fer à voie normale qu’ils ont établie et les travaux de reconstruction ne sont pas encore terminés.

On arrive à Semide par une forte descente. Pays à peu près démoli par nos avions. C’est une infection ; une puanteur.

A la sortie du village, un camp de prisonniers français.

Les boches avaient construit la grande gare. Partout du reste, des lignes de chemin de fer longent ou traversent les routes.

L’armistice se rapproche… mais les combats continuent.

28 octobre

Des avions boches lancent des proclamations où le peuple allemand demande la paix, en cédant aux desiderata de Wilson.

Le soir on apprend que l’Autriche demande la paix séparée.

Petit à petit, nous gagnons du terrain, sauf en face où c’est dur, mais d’ici quelques jours, il y aura peut-être du changement. On se met en batterie à Coulommes.

1er novembre

Vers 3 h du matin, déclenchement d’une intense préparation d’artillerie entre Vouziers et Attigny. Prise de Rilly aux Oies, Semuy et Voncq, Falaise et Primat. Les américains prennent Landres St Georges, Imécourt, Landreville, Bayonville, Remonville, Andevanne, Clery le Grand.

Dans le nord, prise d’Audenarde (Belgique).

La Turquie signe l’armistice.

Révolution en Autriche

Les Italiens battent les Autrichiens.

Carnet de guerre d'un Ardennais

 

Georges Petit était maréchal des logis pendant la première guerre mondiale. Il a tenu son carnet de guerre. En voici l'intégralité retranscrite et commentée par Joëlle PAUTEVIN.

Merci de la prévenir pour tout usage que vous souhaiteriez en faire (formulaire page "Contact").

 

Un montage audiovisuel commémoratif

100 ans après le début de la première guerre mondiale, un montage audiovisuel a été réalisé par Juliette CHERIKI-NORT et Joëlle PAUTEVIN mettant en scène des objets métalliques et rouillés comme autant de traces et vestiges de la première guerre mondiale.

Pour le visionner.

Une partie commentée de ces carnets est publiée dans "Destins liés, occupés et occupants des Ardennes (1914-1918)" aux Éditions Terres Ardennaises